On a écrit des centaines de volumes sur Faust de Goethe. Et pourtant il paraît qu’un certain aspect de l’oeuvre a été moins investigué. Il s’agit d’une sorte de « second texte » qu’il faudrait lire « entre les lignes » mais qui, à de rares exceptions près, n’a pas été lu parce qu’il utilisait un vocabulaire que peu de chercheurs possèdent.
Goethe n’a pas écrit des traités de philosophie mais dans Faust il a donné corps – poétiquement – à une conception du monde inspirée de manière très personnelle des lectures et des expériences de sa longue vie. Les biographes sont parvenus à reconstituer minutieusement ces lectures et ces expériences, mais jusqu’à un certain point – le point où finissent les sources tangibles et où l’on pénètre dans le domaine des initiations occultes, dont on ne connaîtra jamais exactement le contenu, vu que le poète n’était pas autorisé à le divulguer. Ou plus exactement, il ne pouvait pas en parler de manière directe. Il l’a fait néanmoins d’une façon détournée dans son poème, qui contient un troublant substratum ésotérique qui ne demande qu’à être décodé. C’est justement ce que Viorica Mavrodin s’est proposé de faire.
Alice Mavrodin